Saviez-vous que le Costa Rica avait été élu, à plusieurs reprises, pays le plus heureux du globe ? Avec son système de santé reconnu comme l’un des meilleurs d’Amérique Centrale, ses politiques d’éducation qui ont fait grimpé considérablement le taux d’alphabétisation et son absence revendiquée d’armée, le Costa Rica se place en effet parmi les bons élèves concernant la qualité de vie de ses habitants. Sans oublier ses nombreux espaces naturels à couper le souffle qui ajoutent une bonne dose de bonheur au quotidien. Alors le Costa Rica, un pays qui rime avec bonheur ? On fait le point.
Sommaire :
- Les Costariciens, un peuple heureux ?
- Le budget militaire alloué à l’éducation et aux soins de santé
- Le Costa Rica, une destination verte
- Encore des combats à mener …
Les Costariciens, un peuple heureux ?
C’est en tout cas ce qu’affirme l’étude « Happy Planet Index ». Il a placé le Costa Rica à la tête de son classement des pays les « plus heureux » trois fois de suite, en 2009, en 2012 et en 2016. Pour arriver à ce résultat, l’étude s’est basée sur quatre critères : le bien-être de la population, l’espérance de vie (l’espérance de vie moyenne au Costa Rica est de 79,1 ans), la distribution des richesses et l’empreinte écologique du pays.
Alors, bien sûr, cette étude occulte beaucoup d’aspects. Il ne faut donc pas prendre ce classement au pied de la lettre. Cependant, cela donne tout de même une bonne idée de la situation dans le pays. Car oui, de façon générale, si vous demandez à un Tico s’il se sent bien dans son pays, il vous répondra très fièrement par la positive.
Les Costariciens sont en effet majoritairement fier de leur patrie et de leur système politique. Ce dernier est basé sur une logique d’ « Etat Providence » (« Papa Estado », comme ils le surnomment). La gestion récente de la pandémie du Covid-19 a d’ailleurs mis en lumière toute la confiance que le peuple costaricien pouvait avoir en son gouvernement. Mais comment le petit pays d’Amérique Centrale a -t-il réussi à se hisser parmi les pays visiblement les plus « heureux » du monde ? Un petit retour dans le passé s’impose pour y voir plus clair.
Méthode de calcul de HPI (Happy Planet Index)
Une histoire coloniale en décalage
Lorsque les Espagnols découvrirent pour la première fois l’isthme centraméricain au 16ème siècle, ils se mirent de suite à rêver d’un possible Eldorado, à la vue des parures en or qu’arboraient certaines tribus indigènes. Pleins d’ambition, ils décidèrent de nommer ce petit pays d’Amérique Centrale : Costa Rica (« Côte Riche »). Des ambitions très vite déçues. Le pays s’avère en effet assez pauvre en richesses minières. De plus, les nombreuses montagnes du pays rendent la communication avec les autres colonies espagnoles difficiles. Très vite, les quelques colons installés au Costa Rica sont isolés, presque oubliés par la couronne espagnole.
Ce désintérêt colonial a finalement été la chance du Costa Rica. Le pays forgea petit à petit une identité propre sur des bases plus égalitaires que dans d’autres pays d’Amérique Latine. Devenant officiellement indépendant en 1838, le Costa Rica a su par la suite rester à l’écart des conflits idéologiques qui ont secoué les pays voisins, notamment au cours du 20ème siècle. Mais un évènement viendra transformer à jamais le destin du petit pays d’Amérique Centrale.
L’abolition de l’armée Costaricienne
En février 1948, les élections présidentielles se ponctuent sur un résultat contesté. Alors que les télégrammes donnent Otilio Ulate Blanco, candidat de l’opposition, grand vainqueur, le Congrès annonce quand à lui le candidat du parti au pouvoir gagnant : Rafael Angel Calderon. Impossible de vérifier les votes. Un incendie a mystérieusement effacé tous les bulletins. C’en est trop pour l’opposition qui se mobilise autour de la figure de José Figueres Ferres (surnommé Don Pepe).
C’est le début d’une guerre civile qui durera une quarantaine de jours et qui fera tout de même plus de 2000 morts. Après sa victoire contre l’armée gouvernementale, Don Pepe prit la tête d’un gouvernement provisoire. Il instaure par la suite le modèle démocratique dans le pays et surtout, proclame l’abolition de l’armée Costaricienne. Il s’agit du premier pays au monde à prendre une telle décision. Pour symboliser sa décision, le dirigeant céda la caserne à l’Université du pays. Aujourd’hui on trouve dans ce lieu le Musée National.
Une particularité que revendiquent fièrement les Costariciens aujourd’hui, à l’image de l’ancien président et Prix Nobel de la Paix Oscar Arias Sanchez. Ce dernier déclara : «Certains pensent que nous sommes vulnérables parce que nous n’avons pas d’armée. C’est exactement le contraire. C’est parce que nous n’avons pas d’armée que nous sommes forts». Afin de se protéger, le Costa Rica a tout de même signé quelques accords de protection et des pactes de non-agression (avec les Etats-Unis ou le Brésil par exemple).
A l’international, le Costa Rica se présente ainsi comme un pays neutre politiquement, partisan de la paix. Dans les années 80, le président Oscar Arias Sanchez fut d’ailleurs à l’origine d’un plan de paix. L’objectif de ce plan consistait en la pacification de la situation des pays voisins centraméricains. Ceci, lui a valu le prix Nobel de la Paix.
Le budget militaire alloué à l’éducation et aux soins de santé
Si cet événement historique a son importance, c’est qu’il est le point de départ d’une nouvelle politique basée sur le dit « Etat Providence ». La logique est simple, plutôt que dépenser des milliards dans l’armée, pourquoi ne pas plutôt consacrer cet argent à l’éducation et au système de santé ? Selon un rapport de l’OCDE en 2017, le Costa Rica consacre 9,3 % de son PIB à la santé et 7,6 % à l’éducation. Des chiffres honorables en comparaison avec les autres pays d’Amérique Latine. Le budget de l’armée réinvesti a notamment permis de financer toutes les universités publiques du pays ainsi que de nombreux hôpitaux.
L’éducation comme priorité
Déjà en 1869, le Costa Rica ouvre la brèche en instaurant l’école primaire gratuite et obligatoire pour tous, y compris pour les filles. Aujourd’hui, l’école est obligatoire et gratuite, depuis la primaire jusque la secondaire (obligatoire jusque 16 ans). Le pays compte à l’heure actuelle plus de 4000 écoles publiques. Plusieurs écoles privées existent également. Le pays compte également 4 universités publiques, dont la Universitad de Costa Rica (UCR). Elle est reconnue comme étant l’une des meilleures d’Amérique Centrale. Tous ces efforts ont permis de réduire considérablement le nombre d’analphabète dans le pays. Selon un rapport de l’UNESCO, le taux d’alphabétisation au Costa Rica avoisine les 97%, un chiffre qui continue d’augmenter d’année en année.
Source : Semanario Universidad – Katya Alvarado
Une couverture sociale universelle
L’autre grande priorité de la politique du Costa Rica depuis plusieurs décennies est le système de santé. Celui-ci aussi semble reconnu comme l’un des plus performants d’Amérique Latine. Depuis les années 70, les Costariciens ont vu leur espérance de vie bondir. Elle est passée d’une moyenne de 65 ans à 80 ans aujourd’hui. Le Costa Rica est d’ailleurs l’un des rares pays au monde à posséder une « zone bleue ». C’est une région où les gens vivent généralement au delà des 100 ans. Il s’agit de la Péninsule de Nicoya.
Concrètement, le pays est doté d’une Caisse de Sécurité Sociale (la Caja Costarricense de Seguro Social – CCSS). Cette institution assure une couverture médicale totale et gratuite à l’ensemble de la population costaricienne, dans les hôpitaux publics du pays. De grands moyens sont également alloués à la prévention, notamment en matière de vaccination et de contrôle prénatal. Depuis les années 90, un système de soutien médical local à la CCSS à été mis en place. Il a pris le nom d’Equipos Basicos de Atencion Integral en Salud (EBAIS).
L’avantage est que les équipes EBAIS se déplacent à domicile. Elles rencontrent ainsi directement les habitants, même les plus défavorisés. Des visites de contrôles qui permettent d’évaluer les risques et d’anticiper les éventuels problèmes de santé. Bien sûr, chaque système possède ses tares. En effet, le temps d’attente pour un traitement dans le service public peut être décourageant. C’est pourquoi certains se tournent plutôt vers les hôpitaux privés. Certes ils se révèlent beaucoup plus onéreux mais de qualité.
La question du mariage gay au Costa Rica
On quitte un peu la sphère de la santé et de l’éducation pour aborder un sujet d’actualité qui participe, lui aussi, à la qualité de vie des habitants : la légalisation du mariage gay. Le 26 mai dernier, le Costa Rica a officiellement autorisé le mariage homosexuel dans sa constitution. Cette nouvelle fait suite à la décision de la Cour Suprême Costaricienne en août 2018 de rendre inconstitutionnelle l’interdiction du mariage en partenaires du même sexe dans le pays. Une interdiction qui figurait jusqu’alors dans le code de la famille.
Le Parlement avait 18 mois pour modifier la loi. Passé ce délai, l’interdiction serait définitivement abolie, ce qui a été le cas. Une avancée importante surtout quand on sait l’importance que revêt la religion dans le pays et dans la région en général. Une importance qui s’est notamment manifestée lors des dernières élections présidentielles en 2018. Le parti très conservateur appelé Restauración Nacional n’est pas passé loin de la victoire. Cela dévoile un Costa Rica complètement tiraillé entre la modernité d’une part et la religion d’autre part. Les questions de la légalisation du mariage gay ou encore de l’éducation sexuelle ont été au cœur des débats et ont divisé le pays. Cette nouvelle décision fait donc office de victoire pour les partisans du mariage pour tous. Il s’agit d’une première en Amérique centrale.
Source : El Diaro
Le Costa Rica, une destination verte
Enfin, si le Costa Rica truste le haut du classement du « Happy Planet Index », c’est avant tout pour sa politique environnementale et ses nombreux espaces naturels qui font la fierté des Ticos. La renommée du Costa Rica en tant que « destination verte par exceptionnelle » dépasse les frontières. En septembre 2019, le Costa Rica s’est d’ailleurs vu honoré du prix de « Champion des Nations Unies pour la terre » lors du Sommet de l’ONU pour le climat. Un titre prestigieux qui vient récompenser sa lutte contre le changement climatique.
Il est vrai que les efforts du Costa Rica pour la préservation de l’environnement ne datent pas d’hier. Après une période de déforestation massive dans les années 70-80, le pays s’est engagé dans une politique écologique à long terme. Les propriétaires du secteur forestier se sont vus par exemple offrir par l’état une allocation en échange de la préservation de leur forêt. Une politique de la carotte qui a porté ses fruits, couplée avec un intérêt grandissant des touristes pour les paysages verts du Costa Rica.
Aujourd’hui, le pays est recouvert à plus de 53% de forêt et plus de 98% de l’énergie du pays est produites par des sources renouvelables telles que l’hydroélectricité, la géothermie, l’éolien, l’énergie solaire et la biomasse. En 2017, le pays a d’ailleurs enregistré son record de 299 jours sans utiliser aucune énergie fossile pour générer l’électricité du pays. L’objectif est de continuer ces efforts de reboisement en atteignant le seul des 60% de foret sur le territoire national en 2050. Les nombreux espaces naturels du Costa Rica et son incroyable biodiversité font aujourd’hui clairement partie de l’image de marque du pays, qui mise beaucoup sur l’écotourisme pour dynamiser l’économie du pays.
Encore des combats à mener …
Alors bien sûr, tout n’est pas tout rose et le Costa Rica a encore beaucoup des combats à mener, comme l’utilisation décriée des pesticides par exemple, les dérives de la monoculture (en particulier d’ananas) ou encore la surconsommation de carburant dans la capitale. L’image du « Costa Rica, pays heureux » commence à dater et les dernières élections présidentielles comme évoquées ont laissé quelques traces dans l’unité du pays. Certains problèmes de corruption entachent encore la vie politique du pays et entravent les politiques vertes entamées. Sans oublier la dette de la sécurité sociale (la Caja Costarricense de Seguro Social), qui s’enlise d’année en année et qui fait craindre aujourd’hui à de nombreux jeunes Costariciens de ne pas pouvoir bénéficier d’une pension de retraite dans le futur.
Des problèmes qu’il ne faut pas perdre de vue mais qui n’empêchent pas la grande majorité des Costariciens d’être profondément fiers de leur racine et de continuer à clamer haut et fort : « PURA VIDA »!
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