Zebrées, jaunes et noires, c’est ainsi que l’on décrirait une abeille. Cette description n’est pas tout à fait correcte pour décrire celles du Costa Rica. En cause, leur multiplicité, il existe près de 700 espèces dont certaines sont endémiques. Le pays était un grand exportateur de miel jusqu’en 1984. Aujourd’hui, nous vous proposons un tour d’horizon de ces abeilles, de leur rôle dans la préservation de la biodiversité aux volontés de les protéger.
Sommaire:
I-Les différents types d’abeilles au Costa Rica
II-Le rôle des abeilles dans la biodiversité
IV-Le rôle du tourisme et l’implication du Costa Rica
I-Les différents types d’abeilles au Costa Rica
Il existe, dans le monde, près de 20.000 espèces d’abeilles, dont la grande majorité sont des abeilles solitaires, c’est-à-dire qu’elles vivent seules et une minorité d’abeilles dites sociales, qui vivent en colonie.
L’abeille mellifère
L’abeille mellifère (Apis melifera), est apparue en Afrique puis en Europe avant d’être introduite en Amérique par les colons espagnols, elle était alors utilisée pour produire la cire des bougies des églises mais également pour s’éclairer. Dans les années 1950, la mellifère africanisée apparait au Brésil dans le but d’une expérience scientifique. Elle s’échappe alors du laboratoire dans lequel elle était enfermée, et arrive en 1984 au Costa Rica. Elle s’est particulièrement bien adaptée au climat et est devenue la principale abeille à miel du pays.
L’abeille mélipone
L’abeille mélipone ou abeille sans dard, exclusivement présente dans des zones tropicales, constitue la deuxième famille d’abeille présente au Costa Rica. C’est une abeille native car elle est née en Amérique Latine, elle n’a pas été introduite contrairement à l’abeille mellifère. On la retrouve en Amérique Latine (elles sont surtout présentes au Brésil), en Guyane française, en Guadeloupe mais également en Amérique Centrale, dont le Costa Rica. Toute petite et noire, on la confond parfois avec une mouche. Très diverse, il existe plus de 600 variétés d’abeilles mélipones, dont 300 sont présentes en Amérique Latine. Elle produit du miel en très petite quantité, et celui-ci a des vertus médicinales. En effet, il est utilisé comme baume pour guérir des infections cutanées comme le psoriasis ou l’eczéma, ainsi que pour soigner la cataracte. On a tenté plusieurs fois de les introduire en Europe, mais elles n’ont pas survécu. Historiquement, elles étaient déjà utilisées par les mayas, puisqu’on a retrouvé leurs traces sur des codices, mais avec l’arrivée des abeilles mellifères, plus grosses et plus productives, elles ont été longuement effacées. Comme elles sont natives d’Amérique Latine (c’est-à-dire qu’elles ont toujours existé en Amérique Latine contrairement à la mellifère qui a été introduite) elles sont également les abeilles les mieux adaptées pour polliniser les plantes tropicales.
Abeilles mélipones
La méliponiculture s’est bien développée au Costa Rica depuis 2010. Entre l’apiculture et la méliponiculture il existe plusieurs différences. L’apiculture nécessite un équipement particulier car les abeilles mellifères possèdent des dards. Les abeilles mélipones sont également moins nombreuses par ruche (entre 1000 et 10.000 abeilles selon l’espèce). Enfin, elles ne font pas leurs nids de la même manière. Les abeilles mélipones font des nids horizontaux et ne déposent pas le miel dans des alvéoles hexagonales comme le font les mellifères.
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II-Le rôle des abeilles dans la biodiversité
III-L’extinction des abeilles
Au niveau mondial on constate une extinction des abeilles. Sur 100 abeilles, un apiculteur en perd 30 chaque année. Ce chiffre significatif est principalement dû à 2 facteurs : l’activité humaine et le réchauffement climatique. Les hommes en construisant des zones industrielles, par exemple, dénaturent des endroits ensauvagés et les abeilles s’en éloignent. Les rejets des usines, les herbicides et les pesticides sont également responsable de cette extinction. Les abeilles menacées, doivent fournir deux fois plus de travail puisque moins nombreuses, elles s’épuisent donc plus facilement et meurent plus vite. De plus, comme elles sont moins nombreuses, elles ne peuvent parfois pas faire autant. Même si 30% des aires naturelles du Costa Rica sont protégées, cette protection correspond souvent à des réserves ou parcs naturels. En dehors de ces aires, comme partout ailleurs, les activités humaines (la déforestation notamment) leurs font perdre du terrain.
Pour ce qui est des abeilles mélipones, elles sont également menacées par les humains. Les abeilles sont devenues des animaux de compagnies et bons nombre de personnes en ont. Posséder des abeilles mélipones est même devenu un effet de mode. Cet effet de mode à donné lieu à une forme de braconnage : elles se font capturer et revendre a des prix exorbitants. Cela dénature leur espace de vie et réduit le nombre d’abeilles dans les lieux sauvages.
Les abeilles souffrent également de maladies, ce qui les rend plus fragiles : elles attrapent des virus, des parasites ou encore des champignons.
IV-Le rôle du tourisme et l’implication du Costa Rica
Des initiatives nationales
Au sein de nombreux parcs nationaux , les guides incluent dans leurs tours guidés des explications sur les abeilles. C’est le cas du parc Corcovado dans la péninsule d’Osa, la réserve biologique de Monteverde, qui abrite une grande variété d’abeilles, ou encore le jardin de Lankester, a Cartago qui propose des visites éducatives centrées sur ces dernières. Elle organise également régulièrement des expositions ainsi que des ateliers. Il existe également des corridors biologiques, c’est ainsi que l’on nomme les aires sans pollution humaine, dont un des principaux but est de protéger la faune et la flore. Des stratégies de sensibilisation de l’état sont visibles à toutes les échelles, puisque dans les écoles primaires, une sensibilisation à la protection des abeilles existe également. Secondé par des ONG, l’Etat propose un programme complet à destination des enfants et de leurs parents. Il comprend des ateliers sur la pollinisation, le rôle des abeilles et les menaces qui pèsent sur elles, les ONG exposent également leurs programmes et actions annuelles afin d’allier le théorique au concret.
Pour les protéger au mieux, il manque néanmoins des données importantes sur certaines abeilles, dont les mélipones. On ne sait par exemple pas quelles sont leurs fleurs et leur environnement préférés.
Le pays a pris une mesure phare pour mieux conserver les abeilles : la loi de protection de la vie sauvage et de la biodiversité. Cette dernière a mis en place des règles sur la gestion des ressources naturelles comme l’interdiction de détruire certaines forêts, indispensables pour les abeilles. Bien que l’utilisation de pesticides chimiques soit un défi dans certaines régions, le Costa Rica s’efforce de réglementer leur usage et de promouvoir des alternatives plus sûres pour l’environnement et les pollinisateurs
En 2017, l’IUCN, a publié un rapport détaillant le déclin des abeilles, indiquant ainsi une stratégie nationale de protection des abeilles natives au Costa Rica.
Des initiatives privées
Un sanctuaire des abeilles est également visitable à San Carlos, spécialisé sur les mélipones, afin de permettre aux touristes d’en savoir plus sur ces abeilles locales. Ce sanctuaire possède la plus grandes diversité de mélipones du Costa Rica. Il organise des ateliers, des sauvetages et des visites.
Des initiatives locales
Le pays organise aussi des festivals de biodiversité et des foires agricoles ou les abeilles sont régulièrement mises en avant, ainsi que le rôle dans le maintient de la biodiversité. Geste fort, la ville de Curridabat, dans la province de San José à donné, en 2020, la nationalité aux abeilles (et à tous les autres polinisateurs) le but en les considérant ainsi est de sensibiliser les habitants mais également les tourisme à la préservation de ces insectes, elle a été primée pour cette action. La ville à également communiqué une simulation d’une journée dans la vie d’une abeille. Le but était de sensibiliser et de permettre aux humains de se rendre compte de la nécessité de ce pollinisateur.
Une fondation appelée « amigos de las abejas » à d’abord vu le jour en Espagne. Née en 2007, à l’initiative d’apiculteurs, elle a pour objectif de protéger les abeilles par le biais de sensibilisation des populations. Au Costa Rica, il existe un autre label « canton amigos de las abejas » qui a pour but d’inclure les abeilles dans les initiatives écologiques des municipalités, dont certaines possèdent des ruches.
Il existe aussi un master du CINAT, un centre d’investigation costaricain, un programme de formation et de recherches sur les natives, ainsi qu’un master en apiculture tropicale qui permettent une formation complète sur les abeilles présentes dans le pays. La formation propose des cours d’économie, de biologie, d’agronomie mais également des matières d’étude des forêt et d’applications vétérinaire.
Les abeilles jouent donc un rôle essentiel dans la conservations d’une biodiversité stable, et sont indispensables à l’espèce humaine. De plusieurs tailles et plusieurs formes au Costa Rica, leur miel est aussi bon que bénéfique pour certaines pathologies cutanées. Leur déclin, de plus en plus rapide à permis de faire surgir des initiatives de la part des autorités costaricaines qui ont mis en place toute une série de mesure : réglementation des pesticides, sensibilisations en partenariat avec des ONG, créations de corridors biologiques et de fondations. Les agriculteurs et apiculteurs conscients également de ce déclin, modifient leurs habitudes et sensibilisent les touristes aux moyens de visites écologiques.
Cette article n’aurait pu être réalisé sans les précieuses explications d’Antoine apiculteur à San José.
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